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25 juin 2009 4 25 /06 /juin /2009 18:16


" L'homme et la femme, l'amour, qu'est-ce ? Un bouchon et une bouteille."
- bouteille à la mer, petit bouchon de la grande odyssée en prose de M. Joie -
" Pa-Pa-pas-Né-Mo, répète "
-Some Penny and Ulysses of mine-



Dans 3 mois à ce jour, quand 4 jours, indiens, seront passés au trépas de l'été, il fera 27 révolutions après la première fessée.
Va savoir si fessée il y eut, j'aime à me dire que oui. Je me figure qu'à mon matin, mes 4 kilos de plis, mon derrière transi - dans tes rêves, miracle de la vie - avait déjà la boude intraitable et la télé-machie. Première friction, premiers maux, premiers pas-pas-pas de ma valse.


T'as fini de trainer au lit, c'est l'heure de l'école de la vie.
"Tout va bien, madame, vu comme elle est rembourrée, elle a peut-être rien senti, mais m'est avis que vous avez là une bourrique entêtée, celle-là, elle comprendra que les coups, je vous le dis, d'ailleurs, tiens, je m'en vais vous apprendre, soyez bien attentive, tout est dans le poignet".
Ta vie commence au 12ème arcane, si tu pleures pas, t'auras la fessée. On coupe le cordon pour mieux te pendre par les pieds. J'imagine maman spéculée attendant que j'hurle bien fort au monde que je suis bien sa fille tant désirée. Sa fille, pas ce premier essai raté, ce grand-frère mort-né qui me manquera toute l'enfance et même longtemps après.
Mon coeur, ma vie, mon âme, qu'est-ce qui te ferait plaisir pour ton anniversaire ? Dis-moi, princesse, tu veux quoi pour Noël cette année ? -- Pourquoi tu continues à demander, si c'est pour chaque fois m'arnaquer, je veux un grand frère, j'en
veux pas de tes poupées.
Résultat, j'en avais 10 - pour compenser - et autres succédanés, et je trouvais moyen de bouder ( elle comprend que les coups, celle-là, madame, on vous le répètera donc jamais assez ? ). Pas parce que j'étais gâtée - non, assurément pas, d'ailleurs, j'étais parfaite, si tu me crois pas, demande à ma mère - mais parce que j'ai jamais rien demandé d'autre à la vie, aux autres, aux horaires de bus ( Quoi, savez pas lire, mamzelle ? C'est écrit là, en petit "à titre in-di-ca-tif" : Redis un peu pour voir que je sais pas lire, et je t'apprendrai à pas pousser sur mes limites du subjonctif ), au pressing qui jure qu'il peut ravoir les tâches de sangria ou à l'étiquette d'un paquet de riz, que de tenir ses promesses. Pas d'en faire. Simplement, de les tenir. Qu'autrement, on se retrouve à faire une crise de nerf parce que le riz est imbouffable, des envies d'aller fourrer dans la gorge du  teinturier une robe à 250 E. irrécupérable pour qu'il s'étouffe avec - mais on peut pas p
arce qu'on se déplace en bus et que c'est trop difficile de s'enfuir en trainant la patte.

T'as fini de trainer au lit, c'est l'heure de l'école de la vie.
Une ingrate, madame, et qui se croit plus maligne, heureusement que le père a la poigne plus ferme.
Donc tu sors tranquille de ta caverne, un peu éblouie, d'accord, t'es pas née aveugle, même, t'es pas encore borgne, et tu t'apprêtes, donc, à faire tranquille, ton petit bonhomme de chemin (et fissa encore, sisi, demande à ma mère, j'ai marché à 10 mois, tellement j'étais pressée, tellement je suis zélée quand on me force pas) et non, ça se passera pas comme ça, on te colle une fessée, parce que y'a pas de raison. C'est couvert de placenta, ça vient à peine de naitre, même pas de la dernière pluie ( dans la salle d'accouchement, y'a pas de fenêtre, peut-être qu'il pleut mais franchement, on s'en carre ) et ça voudrait à nous, nous apprendre la vie ? Je m'en vais t'apprendre, tiens !
Pense donc à ta pauvre mère, derrière ses étriers, heures douloureuses, minutes chenues, lactescentes aux seins pis que ça fait trop mal, qu'attend que tu pleures le berceau où il y a quelques secondes à peine tu fus encore si bien couvée, que tu lui rendes la satisfaction d'un "c'est froid-c'est froid, à l'extérieur". Pleure, petite, c'est l'aube de ta vie, ça se voit à ta mère, qu'elle est déjà trop pleine de promesses.
Décidément, l'accoucheur est pas amateur de Dolto, et allez faire comprendre à un médecin qu'on ne nait pas femme, on le devient. Pour le devenir, il me faudra longtemps, parce qu'avant longtemps, c'est pas d'une femme dont avait
besoin ma mère à la maison. A nous deux, on tisse et détisse longtemps les voiles de deuil des pères, on massacre implacables chacun des prétendants.
Et je me figure que c'est là qu'est né chez elle ce réflexe conditionné, cette peur irrationnelle que je quitte la vie trop tôt, avant d'avoir commencé. Et parce que, un instant, elle m'a cru morte-née, elle s'imagine que, me gargarisant de
mon immortalité, je cherche la camarde, en toute ingratitude - ma petite n'a pas pleuré au déchirement du cordon, m'attend sereine devant le métro quand je la perd dans la foule, me tapote le dos et sa montre, bat des ailes en riant à l'heure de quitter le nid, quitte mes bras sans un regret pour un amour naissant,  ironies toujours tragiques en fin d'histoires un peu grecques. Toujours, elle s'imaginera que j'ai sauté dans le lit du métro - quel beau Deus Ex Machina - quand je suis simplement tombée, que c'est arrivé et tout cela peut arriver de nouveau, bien que la vie - de tout, même de ma mère, c'est elle la plus fidèle - me tienne de la part d'écume des perpétuels rescapés et, toujours, ses promesses.

T'as fini de trainer au lit, c'est l'heure de l'école de la vie.
Ah merde c'est une fille, et bien vivante cette fois-ci. Appelons-la Mona ( vulve, en argot rital ) et remettons-nous vite au lit.
Pour la beauté de l'exposé, je pourrais essayer de me figurer ce qu'en pensa le père, de cette 1ère fessée, imaginer qu'il se frottait les mains à l'idée de mettre légitiment en pratique les conseils du médecin. Mais il ne leva jamais la main sur moi. A dire vrai, il n'avait de mains et d'yeux que pour ma mère, qui n'en avait que pour moi. Moi, qui étais si aimante, si docile, à l'époque, si bonne élève à l'école de la vie. Vive et précoce, en tout, un peu trop. A voir comme je trainais au lit à l'heure de l'école, comme je suis lente aujourd'hui, tout ces lustres d'analité d'avoir été trop tôt au pot, je me suis probablement foulée quelque chose, à l'époque. J'ai parlé aussi très tôt, son prénom fut mon premier mot. Le premier, au nom du ciel, oh nom de dieu, au nom de la mère ! Né-Mo. Premiers ramages, premières syllabes. Ma mère bat la mesure, articule, mon père martèle : Pa-pa, pas Né-Mo. - Né-Mo, pas Pa-Pa. Premiers syntagmes, premiers babils. Ils ne font risette que moi, Né-Mo bat des deux poings la mesure sur ma mère, ma mère balbutie des excuse
s pour ma résipiscence. Ma-Man s'est encore pris une porte. Je répète, docile, ce qu'on me dit de dire. Je comprends pas bien les coups, elle les prend à ma place. Mais je dis Né-Mo, pas Pa-pa, c'est que ça se mérite. Qu'il sonne comme une fausse promesse, ce nom-là . On cuit pas un riz en trois minutes, on fait pas un "papa" en 3 ans, sans un regard, sans vous toucher, même pas du plat de la main. Avant de perdre un oeil, je fus voyante aveugle, mouflette de Né-Mo, avant que miette d'Ulysse.
Et trop longtemps, il fallu que je me batte pour lui, à sa place, que je télémaque et que j'ulysse, que je dédale : colère du père, sang du fils, mort du fils, ressusciter, priez pêcheurs, pécheurs les pères, pécheurs les fils, liquides les mères, les filles, li-qui-der, liquide est la fille, file petit ruisseau, au lit, fait grande rivière, à l'eau, à l'eau, au lit de tous les fleuves te mener à la mer, alliance perpétuelle signée avec la vie, profonds fonts baptismaux, direct au fond, tête sous l'eau, retour surface, remonter Jourdain, les cols de la vie, et les puits, puis trainée, trainer encore, icare, dédale encore aussi, s'épuiser, et puis, et puis...
Heureuse qui comme Ulysse. Heureuse comme la truite remontant le torrent. Heureuses les simples qui miracle sur miracle, hydropisie expurgée, j'étais-aveugle-mais-maintenant-je-vois-lève-toi-et-marche, sans avoir jamais eu à prêter serment de foi. Heureuse qui voit la fin de l'odyssée, qui plus que l'air marin, la douceur angevine.


Là. Là. C'est fini.
Si je me bats encore, de loin en loin, à l'école de la vie,
j'en ai assez de trainer, pas après pas, ma vieille Télémachie.
Là. C'est fini.
Mais pas la vie, pas à pas. Pas la vie. Pas encore.
Pas dans mes rêves, miracleS de la Vie.


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14 mai 2009 4 14 /05 /mai /2009 10:04


A peine nubile, je tombai dans le puit d'une Alice. Une plus vieille, qui m'initiait. J'avais les seins pointus. J'aimais la nuit, je me levai midi ; je n'aimais pas les ombres. Déjà, ça grouillait oui-da dans la mienne, quand dans la sienne, j'me mignotais. J'y trainais à gogo, dans ses bras, enlacée. Je musiquais à peine ; elle me trainait à la fnac. Je commencais d'avoir la variétèfe de ma mère en horreur ;
dans les oreilles elle me colla Miossec.


A peine nubile, je tombai pour Alice, qu'était plus vieille, qui m'initiait. J'avais les seins pointus, elle n'en avait pas, c'était une androgyne, pour laquelle je tombai.

Alice avait de grandes baignoires, où l'on allait ensemble se blanchir le dos, s'innocenter, sans
soupçon ni propos. On allait s'acheter de la bulle de savon, parfum abricot-fraise, qu'aussitôt on allait s'essayer. Elle avait peu de poitrine, on faisait le même bonnet. Un jour que je passais la prendre, elle me dit : Je prends une douche ; on file. Sa douche, elle l'a pris, la porte embraillée. Elle m'interpella par l'échencrure, je venais pour répondre, par l'échencrure je la vis. Je vis ses fesses un peu basses, sa taille ni ses hanches marquées, je vis le tain et la poule de sa peau, et ces ocelles de gouttes fraiches - qui donnaient soif, et celles qui lui marbrèrent le péristyle quand elle rattacha ses cheveux. Dans le miroir, transi, un téton de trois-quart. Je manqua de peu la mare de larmes. J'étais à peine nubile, cette Alice au miroir était une merveille.
Au bleu de nuits lactées, ma cousine au seins précoces encore petits, en le soulevant, de sous le drap me souriait comme je savais. Elle, elle fermait les yeux. Elle, elle pensait sans doute à un qu'elle aimait bien. Elle, elle m'apprit à embrasser. Je, je ne clignais pas. Je, j'étais trop attentive à sa mâchoire un peu carrée, sa peau plus ferme sous mes doigts poupons, au demi-sourire de ses lèvres tendres, à ses yeux clos. Je, j'ai toujours trouvé depuis que les lèvres des femmes, leur langue qui rape, leurs mains, toutes leurs manières de te prendre et la nuque et la bouche, j'ai toujours trouvé que les femmes savaient mieux embrasser, accueillir un baiser.
 
Marrant comme à relire sa mémoire, ce qui pour toi est d'érotisme pur, prend des couleur de zappage, d'un dimanche soir sur M6. Mais dans la vie, celle du souvenir, celle d'une mémoire vierge, c'est beau. C'est beau et plus, c'est de la peinture vénitienne.

Déjà, j'aimais la nuit pour m'y perdre, je me levai midi au soleil vertical ; ça, l'ombre, j'avais jamais aimé. Oui-da, pourtant, ça grouillait dans la mienne : avant de mignoter dans la sienne, comme je fuyais les éclipses. Mais dans ses bras, j'étais gaga, enlacée là dans son antre.

J'étais le chiot d'Alice, à la moindre caresse, je remuais la queue. Elle m'ouvrit grand sa niche, la porte vers
le boire. Elle m'ouvrit grand son bar, la cave vers l'obscur. Alice avait l'hôtel au marais, des alcôves enfumées, pas du thé dans ses tasses, une folle jeunesse dorée y fêtaient foule de non-anniversaires. A certains soirs de mes 14 années, elle s'appuyait sur une table, je l'attrapais par les hanches. Elle approchait une coupe de nos lèvres, de Pouilly-de Moutons fins, on échangeait en bord de coupe les rouges baisers et les blancs vins. Loin d'avoir des amants, c'était ma seule maîtresse, on était des enfants, on voyait pas le mal. Les mâles s'en dévoyaient, on voyait pas les voyeurs, l'indécence est aveugle aux enfants. Je redoutais déjà les ombres, j'étais bien orgueilleuse, mais déjà j'aimais le noir, j'aimais l'Alice au puit.

Je ne savais pas encore que les femmes n'ont pas de coeur, elle règnait dans cette absence, mon orgueil se taisait sous sa coupe et ses lèvres, quand ailleurs je préférais couper la tête des coeurs non-sacrifiés à mon orgueil, quand ailleurs je ne courbais jamais la nuque.


Je commencais de musiquer ; elle me trainait aux points-écoute. Quand je voulais plus entendre la pourtant belle vieille variette de ma mère ;  à la tête
elle me colla du Baiser et du Boire.


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25 avril 2009 6 25 /04 /avril /2009 02:32


Pan ! La belle Colombine a échappé de peu la balle.
Colombine, l'enfant de la balle, la tombée de la lune.
Un peu fientée quand même, surtout devant Pierrot,
à qui je dédie bien humblement cette anecdote authentique-mais-sans-intérêt.


Je bigotais donc va-comme-ça-peut la maman, coup de fil à la fraiche, me demandant, face au grand vide moins-une-brosse-à-dent de mon petit sac - petit, je précise, c'est important - ce qu'il faudrait pas oublier d'y mettre pour ces 3-4 jours que je lui sacrifiais, sans jamais que de la mer à boire et de l'iode dans les narines.
Benoitement, j'appelais.
Quand, je ne l'avais pas vu venir ( on le saura, je suis un peu borgne, gros poisson dans la mare des aveugles, mais dans la cour des grands voyants, je ne vois jamais rien arriver que d'un oeil, d'où ma peine à éviter les balles, eh ! la
passoire, sors de ces buts ! me répétait mon prof de gym, ok-ok, j'en viens au but ), elle m'annonce sans chicane, direct entre les deux yeux, que pour le coup, elle a trop bien aligné cette semaine de vacances.

Une semaine ? je m'étouffe. C'est quoi ce ball-trap, on veut me pigeonner ?

Et la matriache jubile, me pia-piate son topo pour bien me charger le barillet :
Samedi tour de touriste de Laripette " merci-de-nous-faire-ton-canard-pendant-qu'on-prendra-l'apéro-chez-mon-cher-gendre " (sic, longue histoire, mais mes dents grincent à chaque occurrence) ;
Dimanche, on trace chez ta tante ( ?! ) à Limoges (de toute la "Diagonale du Vide", exception faite peut-être pour Dijon qui me fait brûler d'une haine particulière, peu de villes ne me conditionnent plus sinistrement le métronome d'une salve en pleine poitrine) voir ta petite cousine nouvellement née ( qu'on prépare le peloton, je vais être coupable, et bien avant longtemps, de mutilation volontaire ) ;
et zou ! natchav vers Oléron ( enfermés dans une baraque - où trone sans doute des coquillages peints - à regarder pleuvoir sur la mer, encore un coup des météorologues),
d'ailleurs ( j'ai un don pour entendre un sourire sadique sur les lèvres, même à 300 bornes par téléphone ), on rentrerait plutôt samedi-dimanche.

Une semaine ? je redonde.

Là, j'apocope plutôt. Là, à dire vrai, je suis au bord du sanglot néphrétique. Ma mère tire et pointe, me réveille d'un mot des syndromes d'auto-immunes, une charge de chevrotine me transperce les lombaires .
Et là, la génitrice ne rigole plus. Elle flippe un peu que je déserte total. Mais je sens bien qu'elle perd son sang froid. La reine Clytemnestre a mauvais teint. Elle se met du rouge. Se fait du mauvais sang. De quoi a peur la reine Clytemnestre ?
Que je fasse ma baltringue. Que je me mette à couvert. Que je lui tire en préventif un long silence de plomb. Mais qu'on ne s'y trompe pas, je fuis toujours ceux à qui je suis le plus sensible. Et leur revient toujours.  D'autant qu'elle m'a porté comme une graine de folie, m'a donné ce prénom lunaire, jusqu'à en être Madjoun de moi. Pour moi, je lui ferais pas le front de m'étendre sous l'amour que je lui porte.
Alors...
Alors, je cartouche ; je légende ; j'argumente :
Une semaine sans faire tomber de rafales, c'est trop pour une franc-tireuse du gosier, que 3 jours de zouave, c'est ma limite, que je l'ai la solitude soudarde, qu'avec un beau-papa qui joue les factionnaires, elle peut comprendre qu'une semaine loin du tout bleusaille sapeur ca fasse long, qu'autant de maquis loin de mon arquebuse plume, c'est archi-abusé, qu'après 72 heures de ce régime, elle sait bien que ce sera la guerre.
J'argumente, ma mère négocie. Quand avec elle, j'aurais pas toujours raison, j'ai toujours l'évolution de mon côte.

3 jours et demi et basta, ou je me tire une bastos !  Paye ta négociatrice, tout juste la moitié de la casbah - le prix de départ, quoi ! - et j'arrive à croire que je m'en sors bien.

Je canarde samedi, mais pas de place Dalida, pas de Troca. Elle me lâche des ronds pour tégévé Vendée direct mardi sans passer par la case civilités familiales, porcelaines et porcelets dont il faudrait vanter la morve et pincer les joues. Je vais pouvoir me mettre une race de balle à Pan! dimanche ( au lieu de l'autre là, dont j'avais déjà levé le chien, plus que gâchette à actionner ).
Et s'il pleut, tant pis.


Je tombe de la lune, pas de la dernière pluie.
J'ai mis des rameaux à mes colombes, de la mère dans mon vin,
en bon petit soldat.
Et irait, dimanche, sans masques, me Pan!dre à son cou.



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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 01:26

Un texte (un peu) composé, ça faisait longtemps. Ok, les post-reports aussi. On se calme, les drogués,  je retrouve le canal en mai. Pour moi, je (me) recompose. Mon roman me manque.
Bande de veinards, va !



J'ai décidé de rendre à Roma(i)n son I.
Depuis des mois, je cherchais à mettre le doigt sur quelque chose. Mais comme les fous regardent le doigt pas la lune, mon doigt restait sur ce I et du coup, je passais à côté de l'essentiel :          L'essence du Roman, sans I.
Or, justement, un roman n'a pas de I. Celui de l'Idylle, par exemple. Et le malentendu n'est pas petit.

Sans doute, ce I avait recommencé à pousser depuis longtemps entre l'A-N d'où je l'avais arraché, mais je n'ai senti ce petit pois qu'en commencant mon roman, à l'automne, et il m'a fallu attendre un hiver pour en voir le bourgeon. Il y un moment encore, ce n'était qu'un " l " minuscule, voire mon L initial peut-être, que je croyais apercevoir au creux de cette fiction de providence que j'avais mis amoureusement en pot. Nan pasque, j'suis pas une flèche, ok ok, mais ça faisait quand même quelques saisons que je savais bien que ce " I " - entre parenthèses - était celui qui ouvre l'Inspiration, ceux que cerne la libido ou le simple et le grec du lyrisme.
Le hic, c'est que je m'y aggripais. Irrémédiablement suspendue comme à l'épreuve avant la lettre.
Et à juste titre, c'est une discussion sur l'inachevement (encore un I) qui m'a conduite à entamer Les Concessions.
(Apparté pour qui, à mon instar, n'est ni fin, ni fine, c'est le titre de mon roman en suspension.)

Et ce roman se devait construire autour d'une valse d'équilibriste, de cette course pour rester à la même place, ne pas tomber vers l'un des précipices des idéologies où il me semble me débattre, sur l'inadmissible mais inévitable internement aux purgatoires...
Bref. J'écrivais, ça cheminait et, avant " l'accident " qui retarde mon progrès droit vers ce tronc majuscule sur mes rails, ça allait même plutôt bon train. Pourtant un truc me minait. Le I affleurait, s'excavait douloureusement. Et le roulage des caractères sur le champs de la page me rapprochait beaucoup trop vite de cette épreuve du I, avant la lettre donc, que je ne voulais pas voir s'imprimer.

Et il y eu le rêve.
Les lits sont des bassins mortels. On ne devrait pas s'y croire plus en sécurité que dans une baignoire, c'est la noyade assurée. Du moins, quand il fait tempête au dehors. Et ce soir là, le vent faisait craquer le velux. Profitant d'un battement, d'un interstice, quelque chose est entré. A peine un frisson ; il s'était introduit. Le rêve d'une autre m'a saisi les chevilles. Au réveil, après l'apnée, j'en étais persuadée, ça faisait pas un pli, c'était nécéssairement celui d'une autre. Je savais pas encore que l'autre, c'était moi. Et je n'ai pas compris tout de suite ces murmures, ces secrets, la langue n'était pas encore la mienne.
Je me sentais étrange, mon ombre même avait changé. Mais c'était ce I, encore et toujours ce I, une ancre qui m'attirait vers le fond, une arête dans ma gorge, l'as-phy-xie.
De quoi était-il question ? De pronom possessif à côté d'un mot que je n'emploie jamais et d'une énigme, trois questions redoutables que je n'oublierais probablement jamais :
 Que se passe-t-il ensuite ?
Quand tout sera fini et que tu auras livré le dernier de tes secrets ?
Quand tu n'auras plus rien à offrir au suivant ?

Le lyrisme, l'idylle, une armée de I rangés pour la bataille du tout pour le tout, se tenaient là, prêts à en débattre à mort. Et j'ai bien failli craquer. Je passais devant un  miroir, me pétrifiais devant une inconnue, la maudissant d'être ma plus solide ennemie, une ennemie voleuse de I.

Et puis après le choc (ça surprend toujours un peu de ne pas ou plus être celui pour qui on se prenait), j'ai jeté un oeil timide, distant, sur les dégats. Et j'ai vu le petit bourgeon et ça m'a fait sourire, la fiction que j'étais. Je ne suis plus une fillette, c'est bien joli tout ça, la poésie, mais il est grand temps de me mettre à écrire en prose.
La prose de la vie. Finir mon roman.
Et rendre à Roma(i)n son I.


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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 21:06


Texte lu à l'occasion de la Pan! #15 / trouvé dans un vieux Faust / au Boulinier / étapes du deuil / hommage timide au Consul / à jeter au Volcan.



(Janvier)  La lucidité (Les sentiments).


Ce soir, je bois l'alcool comme de l'eau, une infernale lucidité m'a pris et d'hier, rien n'y fait,  je suis si sobre de t'avoir vu.
Pâle comme un condamné à promener ton enfer. Je n'y ai vu que du feu.
Mais j'ai t'ai vu et tu te tenais là si profond qu'un vertige m'a pris qui fait fuir l'ivresse.
Et aujourd'hui, tu me hantes et je m'égare à force de clairvoyance. Je m'égare et, ce soir, je bois l'alcool comme un poison.            Et je délire. 
Maudit toi, c'est à se damner, à se pendre à la croisée. Car je sais, je sais que nous nous sommes trompés.
Trouves-tu encore mes paradis si artificiels ?
Le vin a perdu son ame, avec toi  s'est enfui l'ivresse. J'essaie de t'oublier par litres.
Et j'ai un rire, fou, un hoquet. Ta nature, même inquiète, ne peut plus me taire ses secrets. Je frissonne tant je tremble de m'y résoudre : Tu m'aimes et rien n'est perdu.
Quoi ? Est-il possible de cesser d'aimer ?
« Aimer », je m'excuse par avance d'utiliser ce mot, jusqu'à en déborder, ce mot sans synonyme, auquel aujourd'hui je ne puis discerner de nuance, et qui se cogne dans les parois de mon crâne, tout d'un bloc, et qui m'emplit comme ce mauvais liquide.
Est-ce possible ? N'est-ce pas cela justement : un serpent convive dans le lit dans nos veines, serpent nourrit à notre sein, à chaque salve plus vif ?
C'est facile, mais je suis accro à ton venin.
Sciemment, je te suis vers un à-pic, et  jamais encore nous n'avions été si près du vide. Menée par la main comme aveugle, je me tourne vers toi, avec la certitude qu'en dépendra ma chute ou mon salut. Toi, le garde-fou. Sentant la terre céder sous moi, je n'ai qu'une seule pensée ; me pousseras-tu ?


(Avril) La culpabilité (Le procès).


                        « Comme un chien, dit K. C'était comme si la honte allait lui survivre »
Ca chuchote, ça se concerte, ça médit de moi.
Où que j'aille, partout, je suis au banc où l'on me charge. Le ciel, d'un bleu honteux, penche sur moi sa pupille, soleil impitoyable. Les arbres se dressent, leurs bras accusateurs. Une rumeur s'est levée. Comme ce printemps est acide et rêche !
En moi-même toutefois, le verdict est rendu.
Les lois qui ne sont pas écrites, les crimes fondamentaux ont leur propre justice. Aux remords, je sens la trahison, mon amour, la sentence s'est abattue ; et je serais mon bourreau.
Je ressasse intimement ma peine.
Je ne guérirais jamais de toi,  ni ne porterais aucun fruit ; je sors châtrée de cet avortement. Comment pourrais -je porter un enfant qui ne serait pas de toi ? L'œuvre d'un autre en mon ventre m'est si ignoble que j'en ai la nausée.
Je suis perdue pour le monde, comme disait l'autre. Vois-tu, je t'attendais comme un messie, j'espérais un miracle ; que l'on s'apercevrait - enfin - que toute l'énergie dépensée à nous faire du mal pourrait tout aussi bien nous rendre heureux.
Le vierge horizon qui me rattache à toi est violé, ne reste que la souillure. Il en est, paraît-il, de l'amitié comme de la pureté, la moindre flétrissure suffit à en troubler la transparence.
Seulement, je t'aime plus que l'on aime les amis, de cet amour qui tolère tout les outrages. A en perdre le souffle et la tête, j'ai caressé ta main qui enserrait mon cou. Elle n'y est plus ; j'étouffe encore.


(juin) La proposition (L'ambiguïté).


L'étrange commodité que d'être une femme.
La chair est triste, je couche sans passion ; elles me dévorent. Un réflexe sans doute, comme les pendus. Je bois pour me coucher près d'un autre et dormir avec toi.
Je pense aux derniers mots de Goethe « De la lumière... ». En ces jours voilés, la lumière brûle, m'arrache à toi et je voudrais dormir, rêver toujours. Cauchemar, fantasme te livrent à moi la nuit. Chaque matin, la mémoire en déroute,  je serre - toujours plus près- ton ombre.
Ma peau frémit, semble-t-il. Comme les ivresses vous prennent et se répondent entre elles !

Par instant, je pourrais jurer que je te sens aussi vrai que la boisson me tiendra encore demain. Aussi vrai la fièvre, qui m'étourdissait lorsque tes bras m'enfermaient. Je courbe la nuque, et aussi vrai, je m'hérisse là ou ta mâchoire me griffait. Tout s'ébranle, je palpite, aussi vrai que peuvent trembler deux corps.
Je m'imagine que dans ton lit aussi peut-être, tu te mords au sang les lèvres au souvenir de moi.
Tes regards gris d'alcool et de convoitise m'appellent.                          Ouvre-moi.


(juillet) Le vide.

 

Je m'étais résignée mais rien n'est venu. La tête sur le billot, je me sentais prête - enfin - à subir la mise à mort. Même, je n'aurais pas été surprise d'entendre sonner l'hallali. Mais pas de couperet, rien n'est venu.
Pire tu sembles augurer une trêve. J'ai précipité ma reddition, à présent, le calme et ton départ imminent me désolent.
Et si cette petite mort qu'est l'absence n'était qu'un sursis avant un sursaut ?
Mais c'est le vide surtout, je te retrouve à peine et déjà tu t'éloignes de nouveau.
Je viens.

    

  (septembre) La dignité (La colère).

 

Mais fallait-il que je sois ivre quand j'ai décidé de te rejoindre !
Tu me méprises d'être venue. Et je ne peux excuser - encore moins comprendre - ton intolérable mutisme.
Tu es brisé, dis-tu, un « gouffre, une impasse ». Et tu me méprises de vouloir m'y abîmer, de vouloir emprunter ta voie.
A poursuivre, ce qu'il y eut entre nous y meurt et mon amour agonise.
A jamais, tu en resteras l'assassin.



(décembre) L'acceptation (Epitaphe).

 

Quelle tristesse mon amour que tu aies eu si peu de patience, quelle tristesse, que ton endurance se soit usée si vite aux obstacles que l'existence réserve à chacun, quel chagrin, nos chemins divorcés et mes derniers mots occlus en vain.

 

Repose en paix - mon amour - tu n'es plus.


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29 juin 2008 7 29 /06 /juin /2008 23:05

Claviotements d'
anamnèse pour la diagnosticienne docteur Sainte-Simone aka Pierre, gardienne des clés, dit-on, du salut de son âme -à tout le moins- et du paradis.


Curiosité intellectuelle opportuniste.
Tomtom en escale entre l'Ardèche et le Danemark a éveillé un besoin urgent comme une envie de pisser d'aller
ouvrir un Atlas pour situer ces îles que j'entrevoyais par ses yeux
réviser ma mythologie nordique.

Réflexes d'intello de merde, j'ai commencé avec la grande Edith Hamilton.
Puis j'ai dérivé pop culture et cinéma bis - clin d'œil à
Igor qui m'appelle « la Celte » - avec La reine des Vikings. Il est très mauvais. Du coup, j'ai surtout eu envie de revoir de meilleurs classiques de la Hammer, genre le génial La Fille de Jack l'éventreur -qui plait beaucoup à Haïde- ou encore les préhistoriques When dinosaurs ruled the earth  ou mieux 1 million years before B.C.
Bref, ça m'a quand même filé pleins d'idées de costumes pour quand je réaliserais enfin mon fantasme de devenir une star du
Catch.
J'imagine Lille-Mane, guerrière viking. Double hache. Casque à cornes. Bikini à poils et tresses dans les cheveux.
Et je porterais mon costume chez moi en buvant de la bière tiède dans des choppes de mon service en crânes humains.

Où je veux en venir avec mes délires de geek post-ado ?
Aux
Einherjar.
Etre une Einheri.
Mourir l'arme à la main.
Filer à Asgard pour manger et boire au Walhalla avec les autres braves :
Les offensifs, ceux qui n'ont cure des biens ou des autres,
vouant leur existence à la guerre et aux batailles.

J'essaie de me couer, de me mettre une disquette. Genre j'aimerais assumer.
Je mythifie mais c'est pas des mytho, je croule stricto sensu sous des qualificatifs hostiles ou monstrueux.

Dévorante. Roma(i)n, boiteux Oedipe, lance le première 'maledicta'. Je suis un Sphinx. Papillonante Carnivore à énigme.
Aliénante. Mon ex, Brio. Je suis un Grand
Patron qui attend que l'on sue sang et eau, ne paye que le smic, minimum syndical : sexe avec caresses et sourires en prime pas nettes d'impôts.
Maladie ou Tumeur. Plusieurs occurrences.
Vénérienne forcément. Maligne forcément. Transforme les sujets en cadavres ou zombies.
Gorgone. Idem.
Facile.
You're a hole, a fuckin' good hole, but a hole. A asshole sometimes, especially a black hole.A New-Yorker (boy-)friend à l'
horizon des évènements (cf aussi Twilight Zone et 'Vampire' ).
Et tant d'autres, Le
Diable  revient souvent, Vampire aussi, j'ai une tendresse particulière pour Pire qu'Hitler...

« Méfies-toi de moi ».
Impérieuse mise en garde aux
Dantes qui postule(raie)nt à pénétrer les différents niveaux des cercles privés de l'aberration que je suis, de mon infernale fréquentation.
Ils affrontent Haïde à l'entrevue de la Sainte.
Ils violent la Sainte pour un corps à corps avec Haïde.
Putain d'astigmatie ! Je les porte toutes deux, errant au purgatoire.
Que m'importe de mal etreindre, si je peux tout embrasser ?
Des lèvres, pas des bras. Mes amants veulent mettre mon âme à nue.
Des bras, pas des lèvres. Mes amis veulent me mettre nue.
On me veut toute entière : Je compartimente.
Donneuse de leçons, peut-être. Moi, je ne prends que ce qu'on m'offre. Si c'est trop onéreux, je refuse poliment.
J'essaie d'être loyale.
Par loyauté, j'accepte d'être trahie. De trahir. De me trahir.
Je disparais, je vole, je calcule et je mens. Par loyauté.

Mais je suis terrifiée.
M'apparaissent les exils auxquels se contraignent les chimères.
A l'intransigeance des autres, je justifie mon indulgence en mettant en exergue une illustration que j'affectionne :
la tortue et le scorpion. Et je disais, les Hommes sont ainsi, c'est leur nature.
Mais, pour la première fois, m'apparaît que peut-être, peut-être suis-je le scorpion de cette fable. Que peut-être je dis ; tu m'as pris sur ton dos, tu sombreras avec moi pour m'avoir aimé de trop près, quand bien même tu savais bien que c'était ma nature.
Je suis terrifiée.
La liberté, la solitude, les distances, les pudeurs...
Quel fouillis dans ma tête !

*Dring-Dring* Tomtom, pour la dissert' besoin d'un coup d'esprit.
Une heure plus tard, j'ignore toujours s'il m'a juste consolé et le cas échéant, si consolation il y a.
Surhumainement libre. Et intègre. Une capacité remarquable. Forcément captivante.
Constat Orwellien, la liberté est une prison.
La mienne.
Et de quiconque s'en approche de trop près,
de trop près quand je suis nue ou nue.
Ne te blâmes pas.
La liberté est désirable et s'offre librement.
On veut la saisir toujours.
Peut-on lui reprocher de le savoir quand elle vous a 'mis en garde' ?


Gaffe ! Je suis porteuse saine et contagieuse.
Gaffe ! Il n'y a nul remède pour cette maladie-là.
They shoot Virus, don't they ?


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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 23:10
Il est des sujets dont l'humeur chaude et mobile, en vibrant accord avec toutes les sollicitations de l'ambiance,
passe aisément de la gaieté à la tristesse et de la douleur à la joie,
ce sont les cyclothymes.

(Delay, Psychol. méd.)


Je pense
ergo je jabote.
Pour la rime cachée appelons sobrement ce qui suit
nouvelle tranche de vie.


Cartes à jouer,
La Grivoise.


Voyageuse sédentaire, locale-trotter des à-côtés,
j'aime circumnavoguer à Paris.
Pas besoin d'avion pour planer.
Ce qui me plait dans le trip, c'est les rencontres.
Ce qui me plait dans les rencontres, c'est l'exclusivité.


Mon périple n'avait pas exactement bien commencé.
Vérité essentielle sans cesse réexplorée : ne s'attendre à rien
pour jamais n'être déçue et quelques fois agréablement surprise.
En quête d'animaux mythologiques,
j'étais aller muser au pot de la revue
Chimère.

J'en ai trouvé plusieurs, dont celles que j'étais venue chercher.
Manque de pot, l'un était pas dispo
et l'autre qui l'est jamais m'a embarqué pour son spot
trop in
où je me serais bien fait sauter le caisson
sans les histoires mortelles incontinents-s'abstenir de la demoiselle
Caroline.
Que ces contrées sont sinistres quand on a pas picole !
C'est plein de Lerdeux (des-qu'essaient-d'avoir-l'air-de) en plein show.
J'ai rien contre le surlooking si c'est un jeu où on se déguise,
contre l'illusoire qui ne se fait pas d'illusions
ou la superficialité qu'aurait comme qui dirait du fond.
Juste que comme à la Comédia, si le costume permet de reconnaître le personnage, il fait pas le numéro.
J'ai bien regardé
la clinquante inconsistance des fats  présents et j'ai pas vu le bout d'une ombre d'autodérision dans ce spectacle-célébration.
Pis c'est d'un pathétique, ces regards faméliques de reconnaissance.
Vraiment, les Lerdeux, lâchez l'affaire.
On se sabote toujours à vouloir être plus cool que les cools.

Baste !

Vite, je dérive de ce bad trip avant l'attaque de lesbienne vindicative.
« Réduite à aller chez Chictype, ça va si mal que ça ? »
Ca, c'est
Igor qui se moque.
Igor a tord et je regrette pas.
Les abords de chez
François sont plus dans l'idée de ce que je me fais d'une chire entre amis.
C'est safe, le vin qui coule est gratuit, on t'écoute quand tu parles, on rit quand tu blagues, tu rends la courtoisie et t'es plutôt aimable quand t'as rien à prouver à des bobineux ou des amis d'ami qui te toisent en attendant que tu prouves que t'es fréquentable.
Et puis le Bien-Nommé a une épaule et j'ai l'humeur un brin grisâtre.
Confortable et disponible l'épaule.
Si j'y pose un peu l'humeur, je le mets pas dans l'embarras.
Il sent bon pas l'homme, un parfum de propre propre au câlin.
A travers la chemise, c'est tiède, ni chaud ni froid c'est rassurant.
C'est un bras qui enlace sans se faire serpent et au bout une main qu'on peut laisser sur sa cuisse sans contracter la jambe.

Mon baromètre remonte à leur fréquentation,
c'est important ces eclaircies pour tenir le coup
entre deux en 2-2 one-shot bestiaux
et 3-4 moments volés à Qui joue avec moi comme avec un jeune chiot (sic).
Je suis juste à point pour une rencontre de fortune
au coin du bief Saint-Martin avec un certain K.
Pour rutiler un soleil encore timide, j'ai trouvé un ancien
légionnaire.
Et sans dec, il était jeune, il était beau.
Et il sortait de prison.
M'a montré en guise de présentation sa carte de conditionnelle, je pouvais que lui faire confiance.
Nous voilà donc partis en goguette avec option ravitaillement boisson pour nous raconter nos cicatrices, nos vadrouilles et nos histoires de vieux combattants, les plus terribles soit de nos amours évidemment.
T'es ben jolie, Ninoun, je sais pas pourquoi je suis pas plus vexé, c'est pourtant pas souvent qu'on me repousse...
Je veux bien croire ses grands yeux verts et je dois bien avouer que je l'aurais eu mauvaise s'il avait rien tenté.
L'est si touchant que j'en
rougis quand il s'excuse d'un baiser volé entre les trois fossettes de mes reins, d'une caresse douce du doigt au pavillon de ma porte à sons qui me laissent entendre dans le noir son souffle inquiet, de sa pudeur qui respecte la mienne et la fantaisie qui m'a pris de dire non.
C'est aussi que je pouvais pas coucher pour me laisser aller à des trucs d'amoureux dont je suis frustrée même si j'assume pas.

Ca requinque quand un vrai dur vous fond dans les mains comme beurre au soleil.
La Luna a besoin de
soleil pour briller et il brille quand elle se sent belle.
Elle ôte son
assassine, ne regarde que toi, t'offre limpidité et sourires en clochettes, pendant quelques instants courtoisement l'illusion d'être amoureuse de toi.

Je profite sans profit, c'est pas du vol, c'est de la symbiose.
Alors pas un mot.
Mes caprices passent au cap, au large c'est beau fixe.
Pas un mot.
Je bronze.

Légionnaire, Tony Speirs

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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 23:09
Ou l'on apprend qu'une seule Sainte suffit pour vicier une andouille.


Cavaler seule dans un monde au carré, c'est lourd.
Grosse pression.
Démonstration de dispositions/indispositions à la disponibilité.
A minima caresses à mes capiteux péchés.


Avarice et Paresse_
Ai offert à un paumé mon épaule de fillette et ma compassion nue.
Compulsion téléphonique. Salacités. Malentendu.
Rayer mentions inutiles ; briguait de la fillette nue.
J'y dis, sans dec, c'est le kiff de faire seule ce qu'il est d'usage de préférer à deux.
Grave cagne, je laisse les cosses pour la satisfaction de mes besoins vitaux.
Manger, goguer, baiser, seule seulement librement je veux vivre, jouir, respirer.
Se partager, ce devrait être de l'altruisme.
Le crime, déposséder l'autre à n'offrir que ses manques et son soi mutilés.
Pour aimer un peu, faut s'entraîner longtemps toute seule.
Voila déjà une avance pour l'orgueil.

Colère et Envie_
Des amant(e)s, des ami(e)s, de tout je suis jalouse.
D'orgueil encore, j'orage.
Tout, je me l'approprie, sans vouloir le posséder.
Les compliments, je ne sais ni les faire, ni les accepter. Un mot, un geste équivoque m'épouvante. Alors je taille.
J'assume pas qu'on me regarde au-dedans,
par-dessus mon épaule, je trouve ça offensant.
Intolérable la compagnie des hermaphrodites reconstitués,
espèce étrange qui doit vivre dans une Arche de Noé.
L'illégitimité vous bâillonne, fait d'une fête
un spectacle à regarder passivement
sauf pour flirter avec les autres inactants.
Et si je veux pas, hein ?
Si je veux pas ?
Si j'ai pas envie de flirter,
que je veux juste discuter avec celui-ci ou celle-là
sans demander la permission au proprio ?

Luxure et Gourmandise_
Désertion des moments arrachés à l'ennui,
ségrégue de ceux qui vont par deux,
laissée en charpie aux morsures des sauvages encore sur le marché.
Alors boire. Démesurément boire.
Comme une oie au foie gavé fuir comme haro.
Pause aux cuisines du resto.
Tape dans le frigo et cherche l'isolation.
La chambre froide, il fait frais.
Tape sur l'épaule,
ce charnier est pluriellement populeux.
Ca m'avait repéré quelques heures plus tôt, ça m'a suivi.
Mon gibier sauce au vin tout cuit au milieu de la viande pendue sur des crochets excite le
civilisé carnivore.
Toute cette barbaque morte, cette chair vivante, ces charognes sur leur erse, le charnel qui exulte, c'est étrange.
Après la boucherie, je l'ai laissé là avec les autres bêtes,
suis sortie fumer ma viande.
10 minutes plus tard, ma dentelle à la main,
j'ai compris que je l'avais
encore fait.


Et l'orgueil ?
Pour le coup, mieux vaut un peu l'oublier.

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10 mai 2008 6 10 /05 /mai /2008 23:45
Entre deux crises de boulimie de lecture, je vide mes placards et j'epoussète mon Disque Dur.
Je ne résiste pas à publier ce texte, initialement prévu pour la revue
Irrévérent, dont le prochain thème est Créature.
Afin qu'il ne pourrisse pas dans mon grenier, je lui fais une petite place vive sur l'étagère de mes
Mémoires Mortes.


Soir de dérive.
Quatre cavaliers sur leurs pieds s'égarent sous le treillage d'une ville dont on a oublié le nom.
Sur leurs pieds vers l'enchevêtrement le plus obscur des rues de cette ville dont on se fout du nom - en pure perte et sans conscience.
La nuit est vieille.
L'haleine est chargée.
Leurs pieds de cavaliers fatiguent.
Il fait soif. Il leur faut trouver un refuge pour elle, pour la nuit et leurs pieds.
Quatre cavaliers assis au sabbat d'une gargote.
Deux-trois morues suintent dans les coins d'ombres.
Le patron sent le bouc.
Il a une casquette. Le cartel des baigneurs rivés aux tabourets l'appelle Capitaine.
A y mieux regarder, tout ici à l'air d'avoir commerce avec la piraterie.
On cherche les membres manquants.
Le capitaine, derrière ses airs ombrageux, a une voix de camelot.
Il racole, se racle la gorge.
Le silence s'invite, impose sa présence.
Il entreprend de raconter une histoire véridique - le mot est proprement lâché.
L'histoire véridique d'un naufrage.
Un peu saumâtre, dit-il, qui commence en queue-de-poisson...

Une curieuse histoire en vérité que celle de cette sirène.
Peau de nacre, évidemment. Des yeux séditieux comme l'onde du ciel. Ou l'inverse.

Enfant de la mer, sa mère l'avait couvé en son giron, bercé et nourri de ses fruits et des plus fraîches moissons.
En somme, une enfance sans tempêtes. Et pourtant.
Et pourtant donc, en grandissant, ça soupirait à grosses gouttes d'écume. Aiguillonnée par leurs piquants appâts, depuis toujours elle aspirait à rejoindre les hommes qu'elle admirait en secret.

Coquine d'ingrate ! lui dit la mère douce dans son langage salé. Garce qui mouille mes flancs matronaux de tes larmes amères !

Mais son cœur et ses os se fendaient à la voir si chagrine.
Elle ferma les yeux quand celle-ci fila chez Protée, jeune dieu protéiforme qui, seul, pouvait exaucer son caprice.
Et c'est comme en délire et toute chavirée qu'en quelques brasses notre naïade aborde l'îlot ou ce petit démon médusait au soleil.
Elle lui chante sa supplique de Margot.
Elle guette le retour des marins, le souffle des vents portant de fiers navigateurs et de beaux matelots. Il n'est pas de rumeur, il n'est pas de marée, aucune tourmente qui pourrait faire cesser son cœur à la vue d'une voile se gonfler.

Pour initier les sirènes, Protée est membre généreux, il ne se fait guère prier.

Ma foi, si tu es sûre de toi, tu connais ma devise ; Rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme. Toutefois, il y a un prix à payer pour abandonner ton élément. J'ai besoin de ton cœur pour substituer ta nature aquatique.
 
Elle accepta sans hésiter et pour combler le vide, elle déposa en son sein une éponge qui flottait justement à l'ombre du récif.
Ah ! La malheureuse ! Qu'avait-elle donc fait là ? Un oursin eût encore mieux valu.
Mais ignorante et grisée par sa joie, elle serra d'autant plus fort dans ses bras son heureux bienfaiteur.

Comme on dit, un courant les emporte. Dans un débordement d'ardeur, il arrache les deux coquillages contenant sa poitrine qui glissent et se brisent en éclats, avant d'être emportés par une langue humide et une mâchoire implacable dans le ventre autrefois maternel.
Ils quittèrent alors la grève et filèrent se frayer un abri d'une case.
Ironie ou malice, ses écailles se fondirent en poils soyeux et sa queue en appendice des plus masculins.
En deux coups de nageoire, notre infortunée sirène de femme-poisson était devenue nymphette.

Un nuageux matin ouvrait ses yeux gris sur notre sirène endormie, dormante. 

Faiblement elle ondule, s'éveille au bruit du clapotis d'une cuvette.
S'étirant sous les écailles de coton blanc la couvrant jusqu'à la taille, il lui poussa deux jambes.
Elle s'agite, ses pieds attirant le tissu du drap qui, en cascade, descendait le revers de ses hanches.
Sa peau de lait, comme liquide au dessous, avait une lueur froide.
Liquide, elle s'étendait offerte.
Seules les pointes roses
en bouton de ses seins éclataient en gouttes de sang séché sur de la toile vierge.
On tire une chasse d'eau.
Le tumulte de ses cheveux rappelait la vague qui l'avait terrassé tantôt.
Une porte claque.
Son corps à faire paraître livide les teintes pâles du ciel se glace.
Le lait a tourné en crème.
Ou en eau de boudin.
Déjà son nouveau cœur semble se dessécher.
Assoiffée, feu notre sirène dut vite maîtriser le délicat équilibre que mandait ses jambes neuves pour courir à la plus attenante taverne.
Cependant ni les épaisses liqueurs, ni les spiritueuses et légères boissons d'aucune sorte ne semblaient étancher sa soif dévorante.
Bientôt, de jeunes blanc-becs, attirés par ses joues si roses, éveillèrent en elle d'autres désirs.
Avide et concupiscente, elle tenta de noyer dans le lit des hommes son goût violent pour la chair.
Son entrejambe cahotée de lames de convoitise qui ne s'épuisaient jamais ; elle était submergée sous la houle de ce sexe qui ne semblait être là que pour la dépendance.

Absorbée par son assujettissement à toutes les drogues, à tous les poisons, jamais elle ne réussi à désaltérer sa gorge marine.
Les murs de ce maudit bar, où viennent se perdre les âmes chastes et s'échouer les pécheurs, résonnent encore des languissants échos de sa voix qui faisait trembler la surface huileuse au fond du verre ou elle plongeait les yeux.

D'acides et déchirantes complaintes, chantant l'ivresse des profondeurs perdues, l'océan ou elle avait pris sa source et qui n'incarnait plus alors qu'un vilain bleu de l'âme.


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22 avril 2008 2 22 /04 /avril /2008 01:55

" Mais le calme héros courbé sur sa rapière

Regardait le sillage et ne daignait rien voir "

Thx à Charly
   (Baudelaire)
- &
Jim   (Jarmush) -


Je viens donc de tourner la dernière page d'une longue épopée. Un
R O M A N
fleuve avec un point final sur le
" i "
entre A(me)   et   N.

Ca ricane.
Ca a raison.
10 ans de guerre froide, c'est long.

Le mur est tombé, deux pauvres ruines en témoignent.
Par mutuelle faiblesse, deux châteaux forts, tout deux armés, se sont fait une guerre minuscule.
Bataille de médiocres s'assaillant tour à tour.
Sans corps à corps. Mais sangs mêlés.

Echec au Roi.
Echec à la Reine.

L'amour ne fut jamais qu'au jeu et la partie est finie.

Que faire à présent, où satisfaire ce besoin de conquête ?
Avant, on savait construire pour durer. Le monde est devenu bien pauvre en murailles.
Deux fous de guerre qui voulaient pénétrer une prison.
Plus on cognait fort, plus on priait fort que l'autre ne cède jamais, qu'il reste imprenable.
Tant que l'un l'autre s'assiègent, se livrent ce vieux combat,
le mortel Ennui qui dévore ne s'approche pas trop près,
se tient à bonne distance des hostilités.
L'Ennui a le goût du sang, il se divertit du spectacle des pécores qui s'acharnent à s'écharner.
Que leur ombre se fasse front, leur front impénétrable,
leur porte bien close et leurs fondements, inébranlables.
Qu'ils vacillent et c'est la vacuité.

Mais l'amour ne fut jamais qu'au jeu et la partie est finie.

Que faire à présent pour éloigner la Bête ?
Surtout, surtout, si je n'ai plus d'adversaire, quel stratagème, quelle ruse employer pour ne pas m'engager ailleurs ?
La vassalité me navre,
j'ai l'orgueil trop insoumis pour accepter d'être envahie
et il viendra bien un jour ou je serais lasse de la chasse.

Il me semble déjà entendre la statue du Commandeur qui m'invite à partager ses repas
et le rejoindre dans l'enfer de la domesticité.

Ca ou la désertion.

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