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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 23:21

(Un truc bien avec Kubrick, c'est que ça peut aussi se passer de commentaire)


En réponse à je ne sais quel message envoyé sur la fin très titubante de ma nuit ( inhabituelle censure de mon Haïde : plus de trace ), F. m'a texté, ce matin, avant d'embarquer. Procès public et contumace.
Rien d'amer, il me semble, je l'imagine mal siffloter c'est criminel ce que tu fais, mais j'en perds pas une miette, allez, à dimanche ! Mais au moment ou je renonçais à le mailer pour m'en assurer, j'ai bifurqué sur les jugements de Salomon.
Puis La vérité, toute la vérité... Le sage rigole doucement.
Troisième jour, je peux retourner ça dans tout les sens, chercher la vérité, mettre la lumière sur toute cette sombre affaire de crime passionnel, je n'en serais pas moins face à faire le choix de Sophie.
Bref, j'arrête avec les euphémismes. [Laughing]
Mettons délit, y'a pas tragédie.
Et puis Héautontimorouménos.

Pourquoi en public, alors ? Pourquoi publier ? Je n'ai pas répondu. A l'évidence, oui : écrire. Mais pourquoi à voix haute ?
Parce qu'alors même que j'avais trouvé ma voix, alors même que je commençais de chanter, il a fallu que je tombe sur sa bouche.


Ca ne pourra jamais marcher entre nous, si tu perds pas rapidement cette habitude de lire au lit.
Quand je ne suis pas excessivement sous influence, je ne peux pas m'endormir sans lire. Et encore, même ivre de fatigue, ou de ce qu'on voudra, j'attrape presque toujours le premier volume me tombant sous la main pour le serrer contre moi, en sorte d'attrape-rêve. Brio, dont la jalousie clinique s'étendait même à la chaise sur laquelle j'étais assise, redoutait mes livres plus que tout. Tout ces morts, à qui je faisais l'amour, juste à côté de lui. Les livres, donc. A lire, ou à écrire, tout un plessis dont il était exclu. Et cette question ne pourrait pas toujours se régler par mordre nuque gauche-arracher PetitBateau. Il y aura toujours un livre entre nous, ajoutait-il (en même temps, y'a jamais eu de nous, faudra que je lui explique un jour, là, je sens déjà trop qu'il est encore bien parti pour me prendre la tête, pour m'attaquer à ça, de surcroit). Effectivement, à choisir, quand je l'aurais aimé, j'aurais, sans hésiter, plutôt perdu l'habitude de lui.
Pourtant, entre deux " je ", un livre peut être un beau trait-d'union.
Tom et moi, nous faisions la lecture. L'un s'endormait rapidement, puis l'autre pouvait lire tout son soûl.
Et il est arrivé qu'F. et moi, on se lecture, à haute voix, chacun sa page, son tour, avant d'éteindre la lumière. Qu'on se lise nos propres mots, même.
Nos propres mots, ou, tour à tour, ses mots à lui, mes mots à moi ?  Nos mots ne se mélangent-il pas ? Deux auteurs, qui se mélangent, n'y perdent pas leur graphie ? Ca commence à drôlement sentir la partoche à 4 mains.

Il y a un mois, j'écrivais un peu F. à Anaïs.
Je lui disais, c'est drôle, rappelle-toi, je me tapais toujours des artistes, des musiciens, bref, des branleurs égoïstes, en étant une un peu moi-même, c'est parfait, ça n'engage à rien. Que j'ai toujours préféré les geeks, les telluriques, les physiciens, pieds prise de terre au sol, pour pas griller quand mes eaux changent de phase, me gardant bien de m'y mélanger, de crainte d'y voir pousser quelque chose d'autre qu'une franche amitié.
Face au mur d'incompréhension de mes contemporains, je devais me contenter d'apprécier seule mes jeux de mots sur d'obscurs vers de Virgile, argoter aussi parce que j'étais lasse de voir béer ou bailler les bouches, tourner les dos, lorsque mon jargon saussurien, mon gradus rhétorique, m'échappe malgré moi, qu'il fallait alors vite reprendre un autre verre et placer le mot cul, tout en ravalant un arrière-goût - injuste, soyons réaliste - de dédain.
Autour d'un café, matin, on jonglait la prosodie d'un auteur ou d'un autre, F. a dit labio-dentale, j'ai manqué le violer.
Bordel, je me pique pourtant
pas d'être tant que ça une intellectuelle du cul, mais quand on trique des mots, l'effet que ça peut faire la langue qui claque sur les dents d'un beau littérateur qui sent bon le Terre d'Hermès !
"Hermès", gardien des routes et du langage, ça lui va bien, et moi qui porte Chance, comme ça se non-marie bien, lui concluais-je alors.

Trop bien ? J'ai l'égoïsme, ma voix qui se trouve, ne veut pas perdre sa propre prose, qui regrettent un peu qu'il n'ait finalement pas choisi plutôt math sup'.
Et ce trait-d'union du livre comme une épée entre lui et moi - pour ne pas dire nous.

Pourtant, en y regardant encore, je vois bien l'originalité que conservent respectivement nos notes, même lorsqu'on chante la même chose. Qu'il n'y pas de fatalité à ce que se mélange juste un peu les souffles - entre deux baisers - pas nécessairement de noeud gorgien qui ne cesserait pas de t'étouffer après.

Igor, dirait sans doute qu'il faut se laisser le temps du choc amoureux (T.M Tourgueniev), ne pas céder à la panique - de la confusion, que chacun retrouve vite sa propre place.
Moi, j'y connais rien, j'ai toujours eu la névrose nécrologique, quand je flippe, j'euthanasie.
Mais à cette heure, j'avoue, j'ai bien envie de vérifier si l'I-gourou a raison, sur ce coup.

(C'est bon, t'es grillé, I-gourou, t'as pas honte de cos-play, à ton age ? )
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commentaires

C
Tant qu'il y a des céréales, ça ne peut être qu'un très bon article.
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M
<br /> On voit bien que tu ne l'as pas lu !<br /> <br /> <br />

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