3 juillet 2009
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19:19
Igor dit que je fais l'enfant. Que je femme-enfant.
C'est pas nouveau. Alors, bon, j'ai osé, mon Kubrick préféré.
20 minutes de dispute, cette après-midi. Igor qui me chantait qu'aussi belle qu'une balle (perdue), Lolita nie (grave) en bloc. Si lui aussi se met à me parler en chanson, où va le monde ? Il répond : nulle part, entropie, hasard, et me le prouve par l'absurde de mon chaos, partout et surtout textuel, et autres coups sous la ceinture. Ca tombe bien, il sera bien vite justement question de mon cul.
Je passe sur la dispute insensée/absurde, vaste sujet, et revenons aux coups bas.
Femme-enfant. Oui, certes, disais-je, c'est pas nouveau.
J'ai connu des garçons vieux, en peignoirs et pantoufles, passés de l'enfance à vieux, sans adolescence, ou autres traits-d'union au milieu. Pour moi, hier encore, et aujourd'hui encore peut-être, je suis un vieux garçon, une fillette qui a beaucoup vécu. Camille, dirait (en chanson) une jeune fille aux cheveux blancs.
Vrai ! Je suivrais n'importe qui pour une glace, je fais la marelle aux passages cloutés, je caprice, je boude, tape des pieds quand je suis contrariée, déteste attendre, suis toujours en retard, tête mes bouteilles, tire sur ma jupe en regardant en l'air quand j'ai un service à extorquer, j'aime qu'on me lise - en faisant les voix ! - des histoires pour m'endormir, j'ai toujours mal quelque part, surtout quand le bobo est petit, je MicheLegrand quand je me shampoo-ine les cheveux ( et soyons sincère, le reste du jour durant ), j'ai l'appétit du bas-ventre, l'indolence affective, des rires erruptifs pour une babiole retrouvée, bref ! Comme dit fritz le Freud, une perverse polymorphe.
Paraît aussi que ce genre-là, est de ceux qui s'en sortent le mieux - quoi que ça veuille dire.
Et c'est tout le contraire des lolitas.
Sans avoir été particulièrement difficile avant, je dois reconnaitre que ma vie s'est nettement facilitée depuis que je suis pubère. 2-3 ans de rodage, tondage désexualisant des cheveux, des vêtements et dès que ça repousse, on s'réhabitue très vite, à ses petits privilèges.
J'ai croisé une des ces ex Lo, l'autre jour, au super. J'en suis sure, pour en avoir connu quelques unes, à l'époque où je méprisais ces petites, pour qui le sexe était déjà une arme, l'époque où, cependant, je me laissais tout de même un peu séduire - et où j'appris beaucoup.
Mon regard accroche un mec - plutôt en forme - qui embrasse son môme ( même quand elle n'en veut pas, n'importe quelle animale dotée d'ovaires s'en émouvra toujours plus qu'à la vue d'un chiot à trois pattes ). De derrière moi, on souffle. Une baleine, souffle. Elle me dépasse.
Je vois d'abord, des - qu'est ce qui pourrait définir cette matière ? - disons du beurre - rance - en baratte dans des tongs. Deux jambes intraduisibles. Un CUL - seigneur ! - un cul, qui semblait vivre tout seul, tellement il dodelinait, tellement il prenait de place, je crois que tout Marseille aurait pu s'y asseoir pour pêcher la sardine. L'huile lui en suintait du visage, et le fil de cheveu filasse, pauvre sirène !
Elle avait du être belle, comme celle-là, ou celle-ci, qui s'était encloquée à 16 ans. Mais passé 20 ans, si elles arrivent jusque là, les Lo finissent toutes au super, du beurre en barette multiplié par 4 dans le caddie et il ne reste plus rien de leur beauté juvénile, de leur age d'or pré-pubère.
Ce spectacle m'a tellement remué, je ne peux plus décrocher les yeux de tous les culs qui passent. Et je cherche le mien partout, à chaque vitrine, je joue à me faire peur. Je repense à feu-Lo, et je suis obsédée par son laisser-aller, plus ou moins fatal, par mes fesses qui enflent. C'est l'été et je suis amoureuse, à priori, c'est l'heure où j'entre de nouveau dans mon 36 fillette.
Quelqu'un à qui je m'en plaignais m'argumente "who cares, t'as un mec". Déjà, n'importe quoi, et qui plus est, c'est pas une raison pour commencer à payer mes verres.
Et ce raisonnement absurde m'a gonflé toute une semaine, s'est enflé, de cul en cul.
Et à présent, j'ai tellement honte d'avouer que le point culminant de ma dispute avec F. fut un ubuesque doigt qui accuse :
Non mais t'as vu la taille de mon CUL !?
Sur l'insensé, le chaos, je m'obstine, je femme-l'enfant, a dieu ne plaise, et sur l'absurde aussi.
Et franchement, rompre pour une histoire de cul, c'est vraiment trop absurde pour moi.