Avant de cracher dans la soupe du fétichisme que j'ai sur le feu depuis le vernis de Rosy, j'ai envie de faire - en boucle - dans la bluette.
Hier soir, j'avais rendez-vous devant le Néo Caz' pour flirter avec un homme riche :
Le Modern Lover qui chante déguisée en marin dans le film des frères Farrelly ?
Précisément.
Deal, on fait sauter la banque du Casino.
Pour lui et WaM + le Tekos flegmateux et la morue.
Pour fêter ça et cette journée solaire, Laurence porte un sourire et je promets d'être courtoise avec elle.
Vodka-Tictac en poche, direction la salle pour
dancing at the (not-) lesbian bar.
Parlons frime, puisqu'un anonyme a vraisemblablement remis au goût du jour le name-dropping.
C'était devenu ringue - merci pour nos oreilles, je me lance dans la manifestation silencieuse active anti-C'est machin, tu connais...? en m'imprimant un je connais Nobody - mais las ! On n'a jamais de cesse de relancer ces choses-là.
Pour preuve, je portais hier une robe orangina, pour souligner
d'une, que je suis naturally juicy,
de deux, que ma coupe de cheveux - s'il faut choisir - se revendique plus de Betty que d'Amélie.
Mais dans la salle le plus z-hyper, il était à mon bras en entrant, autrement dit le Crevard himself.
Bon, j'exagère, du côté du bar les frères Herman trainaient.
Mais c'était essentiellement une réunion de presse, à se demander qui avait payé sa place.
Comme le précédent au Trabendo, le public a quelque chose du fan de death metal à un concert de Pink Floyd ; il est là pour écouter du classique.
Eh ! Tous les 4 fermez-la et arrêtez de danser, un peu de respect, on est pas là pour déconner...
Soit, il jouera rien des Modern Lovers, mais il a un accent french terribeule.
A la fin du show, il nous reste 1h30 à tuer avant l'Urgence #02 à La Java ou T.h.ierry nous a aussi listé via Ashley.
Je suis chaude pour le backstage.
Sauf que c'est la fête de la Morue qui préfère aller manger de la zap. Ce, bien qu'elle ait déjà eu sa part en acceptant un cuir (celui de Michael dans Thriller - superbe) que Laurence a goupillé et que j'avais réfusé (je cautionne pas, c'est laid).
J'hésite à rester et je vais quand même saluer Jonathan.
Il a des polypes, il en demeure bouche bée.
Aussi, je lui fais mes civilités et tends la joue en mendiant
Do we kiss ?
Il me dépose un piouc sur le coin des lèvres.
J'exulte en vraie groupie.
C'est quand même plus classe que lorsque Tricky m'avait violé la bouche à l'Andréa Crew avant de me proposer du MDMa...
On abandonne Laurence et la morue devant la Java et on cible direct se loger dans les coulisses pour fumer tranquille et picoler à l'œil.
J'aime décidément beaucoup cette boite de gitan, c'est terra cognita et comme à la maison.
Comme je suis en pleine élévation narcissique et que j'ai un début de trique depuis le partage des wécés au Néo Caz' avec T.hierry, j'ai dans la tête de me faire un lieu public.
Elles me branchaient bien, ces loges, mais le lieu est trop public.
A force d'intimité et de caresses symétriques sur nos points d'impacts amoureux, l'air de rien, depuis quelques jours, y'a quelque chose dans l'air.
Ceci dit, c'est une chimie fragile, la suite vient toujours nous le rappeler.
Hier, elle avait deux messagers :
la "DD Girl" pour lui, pour moi Monsieur Chloé.
On la croise à l'entrée et je le sens se faner.
Quand il me dit qu'Igor va passer, je me mets à espérer très fort qu'il vienne avec sa dame. Je sentais que j'allais me répandre et ça n'a pas loupé.
Je sais pas quel bacille dialectique il transporte, mais chaque fois que je le vois, je peccavise sur son épaule.
J'en ai même fait l'unique dépositaire de mon plus grand secret.
Ca doit être l'inaccessibilité, il est tabou, ça fait chloroforme.
Ou penthotal.
Je dois mettre dans la même case tous les hommes avec qui je ne coucherais jamais, quand c'est No-Sex de chaque côté, je sacralise.
Sans assimilation.
Par corrélation, en revanche, ça m'a renvoyé à ROMA(i)N.
D'une manière générale, et plus précisément au chapitre intitulé
J'ai un peu de temps, alors je m'étends sur le flash-back qui m'a fait bad triper et quitter la Java à boule vue après qu'il soit parti.
C'était il y a 6 ans.
L'autre fête de départ pour feu-Mon-Grand-Non-Amour, Tomtom et deux autres de mes amis, avant ce qui s'avérera le pire été de ma vie.
On comptait déjà une ardoise de 5 ans de jeux d'enfants.
Je faisais florès et j'exhalais mes 18 printemps.
J'allais bientôt être sacrée reine de la ruche et dans l'exaltation, je profitais que ce soit mon tour de dé pour me faire les griffes sur Mon Tigre inconsidérément.
J'affectionnais à l'époque ce petit gimmick quand je revenais des wécés :
Tu veux connaître mon plus grand secret ?
Je tire toujours 2 fois la chasse parce que j'arrive pas à pisser si j'entends pas d'eau couler.
En réalité, mon secret préféré était davantage mon mensonge favori, une (absurde) diversion pour cacher que j'ai pas envie qu'on entende mon bruit de cataracte.
Genre c'est obscène et intime comme si je me branlais.
Vers les 3 heures sonnantes, grise de la cave vandalisée et du bourdonnement des abeilles autour de mon pistil, je me penche vers lui et je lui souffle ma réplique à l'oreille.
Wéwé, je sais, tu tires... / J'ai pas de culotte.
J'ai crânement savouré mon effet ce soir-là.
Le lendemain, chez moi, on s'est fait notre (vraie) soirée d'adieu privée.
Du vin, des aveux, du marivaudage, et alors que jusque là je l'avais toujours esquivé
- je n'allais tout de même pas coucher avec l'homme de ma vie -
son parfum plus encore que le vin m'étourdit et me porte à la tête.
Je le traîne dans ma chambre, je le pousse sur mon lit.
Il en tremble, de mon échauffourée.
Je me dissous dans sa nuque. Il pose sa main sur ma hanche.
Je frissonne et je lui râle à l'oreille.
Il frémit, me saisit, hésite
et me repousse.
T'es bourrée...
Il a les joues en feu, les yeux humides et les sourcils furieux.
Et il s'enfuit.
On ne s'est même pas embrassé.
Dans quelques heures, il décollait.
J'ai basculé, et le mois qui suivra ne sera qu'une longue chute à l'attendre en apnée.